Compte tenu des considérations péjoratives que l’humanité a toujours eu vis-vis de la graisse, elle n’a pas hésité à s’inventer des instruments pour se débarrasser des excès graisseux localisées. Ainsi, de l’Antiquité jusqu’à nos jours, de nouvelles techniques esthétique ont pu voir le jour pour maintenir le corps parfait. Et au milieu de celles-ci, des techniques de liposuccion.

De l’évolution de la graisse

La lipectomie est selon Eva Carpigo, l’une des plus vieilles techniques d’élimination des graisses. Elle trouve dans le Talmud des références sur l’incision du ventre afin d’éliminer la matière graisseuse. Dans la France moyenâgeuse, l’ « hydropisie » représente l’équivalent actuel de l’obésité. Une maladie pour laquelle « des purges et des saignées étaient prescrites, s’associant aussi à des interventions chirurgicales de dégonflement ».

Seulement, il y a lieu de remarquer que la perception commune sur la graisse a aujourd’hui elle aussi changé. Il ne s’agit plus d’une matière organique parasitaire ou d’un simple déchet organique dont il faut se débarrasser absolument et urgemment. La graisse dans la médecine esthétique aujourd’hui vaut son pesant d’or. C’est du moins, c’est la lecture que nous propose Eva Carpigo qui a publié dans Supplément N° 65-66, un article sur La revanche de la graisse. Pour elle, il y a une revalorisation actuelle de la graisse qui comme toute autre objet de valeur à sa « biobanque ». Car la graisse dit-elle, est « l’or lipidique » et plus encore.

Il n’y a pas longtemps que la graisse dans le domaine de la médecine a fait l’objet d’une recherche approfondie sur ses « propriétés structurelles et biologiques ». Et il lui est aujourd’hui reconnue un triple intérêt : scientifique, thérapeutique et économique. Comme il existe dans des structures hospitalières des « banques de sang » il y a aujourd’hui des « banques de graisse ».

De la valeur de la graisse

C’est avec l’avènement de la liposuccion que la graisse a acquis auprès des scientifiques sa notoriété. « sa structure, sa composition, ses propriétés » sont ainsi analysées. On constate dès lors que la graisse n’est pas que négative. Mais toutes les graisses ne sont pas bonnes non plus. Il y a de bonnes et de mauvaises graisses. Et la graisse d’un patient obèse n’a pas la même valeur que celle d’une personne saine.

De même la graisse superficielle doit être préservée autant pour des raisons médicales qu’esthétiques. La seule graisse qui doit être combattue avec acharnement, parce que parfois résistante aux régimes alimentaires et au sport est la graisse profonde. Plus encore, les scientifiques comme le médecin Pierre Fournier ont découvert que cette graisse bien qu’une fois extraite pouvait être recyclée, réutilisée. C’est ce qu’on a appelé la lipostructure ou lipofilling qui consiste à l’autogreffe de la graisse du patient pour remodeler sa silhouette ou procéder à une augmentation mammaire.

Et aujourd’hui, certains sont entrain de voir comment utiliser les cellules souches de la graisse pour reproduire « le cartilage, les os ainsi que d’autres tissus organiques, telles « les cellules nerveuses ou les cellules du muscle cardiaque » ». Une avancée qui va faire passer la graisse de la médecine esthétique à la médecine régénérative avec un frémissement compréhensible chez la part des investisseurs qui veulent être les premiers sans doute à bénéficier des retombées économiques de la graisse.